Biologiste et artiste, Hideo Iwasaki est professeur au département d’ingénierie électrique et de biosciences de l’Université Waseda à Tokyo. Il s’intéresse à la relation complexe entre les visions scientifiques, philosophiques, culturelles, historiques et esthétiques de la vie. Il travaille à la fois dans les domaines de la science biologique (formations de motifs spatio-temporels à partir des rythmes circadiens, différenciation et formation de motifs de colonies chez les cyanobactéries) et dans l’art contemporain (art du papier découpé, bio-art). En 2007 il fonde metaPhorest, une plateforme interdisciplinaire art/science en biomedia et bioesthétique, où artistes et biologistes partagent un espace pour la science et l’art simultanément.
Les organismes stars au cœur du travail scientifique d’Hideo Iwasaki et de son laboratoire sont les cyanobactéries. Celles-ci (également connues sous le nom d’algues bleu-vert) sont à l’origine des formes de vie plus complexes sur Terre et constituent l’un des organismes les plus répandus, notamment dans les régions polaires, les océans, les lacs, les étangs, les rivières, les sols et les déserts. Elles ont commencé la photosynthèse oxygénique en obtenant de l’énergie présente dans l’eau, grâce à l’énergie solaire il y a environ 2,5 milliards d’années. Elles sont ainsi à l’origine de la Grande Oxygénation qui a fait de la Terre une planète riche en oxygène moléculaire. Sur la base de la symbiose cellulaire, on pense qu’elles sont les ancêtres des chloroplastes des plantes supérieures, toute source de carbone dans le corps des organismes terrestres étant dérivée des réactions photosynthétiques des cyanobactéries et des plantes.
Quand il était enfant, Hideo Iwasaki s’est sérieusement demandé pourquoi il ne pouvait pas lui-même réaliser la photosynthèse : « Si je pouvais le faire, je pourrais passer une journée entière en me prélassant simplement au soleil ! » Cette idée guide largement son travail artistique depuis plus d’une dizaine d’années, ce qui l’a conduit à développer par exemple les projets Photoautotropica ou encore CyanoBonsai. Ces projets l’amènent à questionner son rêve enfantin des « humains verts ». Prend-il la direction d’une utopie ou d’une dystopie ? Nous lui avons demandé s’il avait trouvé une réponse à cette question et ce que signifiait pour lui le « devenir Homo Photosyntheticus » que nous explorons dans cette série pour PALM.
Maya Minder et Ewen Chardronnet