Joana Hadjithomas & Khalil Joreige. Se souvenir de la lumière
Institut Valenccià d'Art Modern, Valence
Du 06 avril au 27 août 2017
Hors les murs
Voir le portrait filmé de l’exposition :
Cinéastes et artistes libanais, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige (1969, Beyrouth) tissent des liens thématiques, conceptuels et formels entre photographies, installations vidéos, films de fiction ou documentaires. Autodidactes, ils sont devenus cinéastes et plasticiens par nécessité au lendemain des guerres civiles libanaises. Leur recherche très personnelle les amène à explorer la sphère du visible et de l’absence, nourrissant un fascinant va-et-vient entre la vie et la fiction. Depuis plus de 15 ans, leurs films mais aussi leurs œuvres, produits à partir de documents personnels ou politiques, élaborent des récits sur des histoires tenues secrètes face à l’histoire dominante. Ils s’intéressent à l’émergence de l’individu dans des sociétés communautaires et à la difficulté de vivre un présent.
Joana Hadjithomas et Khalil Joreige construisent leur œuvre sur la production de savoirs, la réécriture de l’histoire, la construction d’imaginaires, mais aussi des modalités de la narration
contemporaine en prenant appui sur l’expérience de leur propre pays tout en dépassant ses frontières. Le processus d’enquête auquel ils ont recours, leur questionnement sur le territoire, autant géographique qu’individuel, confèrent à leur œuvre une esthétique particulière.
Le rapport à l’image et aux divers médiums que les artistes utilisent, interroge la représentation face au
flux incessant d’images souvent spectaculaires qui nous entoure, nous structure. Leurs œuvres tentent de montrer ce qui existe sans être immédiatement visible. Ils ont ainsi beaucoup travaillé sur les figures de la latence aussi bien dans leur démarche artistique que cinématographique. « La latence c’est l’état de ce qui existe de manière non apparente mais qui peut à tout moment se manifester », expliquent les artistes. Leurs travaux artistiques et leurs films élaborent également différentes stratégies : l’évocation, la raréfaction et la soustraction de l’image, la fabrication de nouvelles icônes, une recherche autour de la narration, du document…
Beaucoup de leurs films et installations fonctionnent sur la participation du spectateur, en quête d’une rencontre face au désir de penser, de sentir, de s’émouvoir, de développer un rapport critique à l’image. Leurs œuvres rendent compte de la complexité des situations pour déplacer le regard et interroger aussi bien la division du monde d’aujourd’hui que les enjeux contemporains de l’image. Récemment, ils ont exploré un projet spatial libanais totalement oublié ou se sont intéressés à la virtualité d’internet, à travers des escroqueries, les spams et les scams pour questionner la croyance, les imaginaires de la corruption mais aussi incarner une histoire alternative du monde contemporain.
Quelles histoires transmettre quand le fil de l’Histoire est rompu, quand il n’en demeure pas de trace visible ? Quelles représentations produire face aux imaginaires dominants et restrictifs ? Peut-on y opposer l’image ou la poésie ?
« Se souvenir de la lumière » offre un regard sur l’ensemble de leurs projets artistiques et cinématographiques de la fin des années 1990 à aujourd’hui, et présente deux nouvelles œuvres dont Ismyrne, film co-produit par le Jeu de Paume. L’exposition du Jeu de Paume propose une relecture du rapport particulier qu’ils entretiennent à l’image et au récit, tout en révélant les approches et stratégies qu’ils ont déployées mais aussi les différentes histoires et recherches dans lesquelles ils se sont immergés.
Le travail de Hadjithomas et Joreige a été montré dans de nombreux musées, centres d’art et biennales internationales, aussi bien à l’occasion d’expositions monographiques que collectives. D’importantes collections publiques et privées ont également acquis leurs œuvres dont le musée R. Salomon Guggenheim de New York, le Victoria & Albert Museum et le British Museum à Londres, la Sharjah Art Foundation à Sharjah, et à Paris, le Musée d’art moderne de la ville de Paris, le Centre national des arts plastiques, le musée national d’art moderne — Centre Pompidou…
Parmi les manifestations internationales auxquelles ils ont participé, on peut citer : le Festival d’Automne, le Festival d’Avignon, les Biennales d’Istanbul, de Lyon, de Sharjah, de Kochi Muziris (Inde), de Gwangju (Corée du Sud), la Triennale de Paris et la dernière Biennale de Venise (2015). Leur exposition individuelle autour des escroqueries sur internet « Je dois tout d’abord m’excuse… » a été présenté d’abord à la Villa Arson à Nice en 2014, puis à Home à Manchester et à MIT, List Visual Arts Center de Cambridge (Massachusetts) en 2015.
Leurs long-métrages ont été sélectionnés dans plusieurs festivals internationaux où ils ont remporté de multiples prix et ont fait l’objet de rétrospectives notamment au MoMA de New York, à la Tate Modern de Londres, au Harvard film archives, à Paris cinéma…
Commissaires : Hoor Al-Qasimi (Sharjah Art Foundation), José Miguel G. Cortés (Institut Valencià d’Art Modern), Marta Gili (Jeu de Paume) et Anna Schneider (Haus der Kunst Munich).
Exposition coproduite par le Jeu de Paume, Paris, la Sharjah Art Foundation, Sharjah, la Haus der Kunst, Munich et l’Institut Valencià d’Art Moderne, Valence.
IVAM
Calle de Guillem de Castro, 118, Valencia