Événement

Archie Shepp

Les Rendez-vous Ina / Jeu de Paume / Cinémathèque de la Danse

Mardi 22 mai 2007 • 00:00

L’Institut national de l’audiovisuel, le Jeu de Paume et La Cinémathèque de la Danse s’associent pour proposer chaque trimestre des trésors produits par la télévision publique française, et faire découvrir ou redécouvrir ce riche patrimoine. Ces archives, issues des fonds de l’Ina, vont du ballet classique à la danse contemporaine, en passant par la variété et le jazz, musique à danser s’il en fut. L’accent est porté sur les auteurs, réalisateurs et chorégraphes de ces émissions, dont nous cherchons à mettre en valeur la singularité.

Archie Shepp… je suis jazz c’est ma vie
(Frank Cassenti, 1984, 55′, production Ina)

Cher Archie,
Tu as aujourd’hui 70 ans et je te revois comme au premier jour de notre rencontre dans ce couloir du Théâtre du Châtelet à Paris où je me suis entendu te demander alors que je ne te connaissais pas : « Monsieur Shepp ça vous dirait que l’on fasse un film ensemble, un film sur le jazz ? » et toi de me répondre : « Je n’aime pas ce mot de jazz ! C’est un mot qui est né dans les bordels de la Nouvelle Orléans, mais j’aime le cinéma ! »

À cette époque tu jouais dans le All Stars de Sun Ra, un orchestre constitué de musiciens venant d’une autre galaxie. C’est ton allure, ta façon de te déplacer comme un personnage sorti d’un film de Cassavetes, qui me semblait avoir dicté ma question. (…)
Depuis cette rencontre, nous n’avons de cesse de nous retrouver ; au Sénégal pour réaliser Retour en Afrique, à la grande halle de La Villette pour monter Black Ballad qui raconte ton histoire, Novecento d’après le texte d’Alessandro Barrico et enfin le festival de Porquerolles. Toutes ces aventures passionnantes montrent à quel point cette rencontre devait avoir lieu. Elle a été pour moi le fruit délicieux du désir à l’œuvre, travaillé par cette pulsion rythmique des musiciens Gnawas de mon enfance et leurs tambours qui palpitent dont les complexes figures traversent toute l’Afrique et par-là même ta musique.
Le souvenir que je garde de ce tournage, c’est une sorte d’émerveillement ; l’impression de filmer comme on se lance dans une longue improvisation où le temps se dilue. Il y a aussi le regard de Siegfried Kessler que je n’oublie pas, ce regard intense et fraternel qu’il posait sur toi quand tu prenais un chorus. Pour toutes ces belles rencontres je te dis : Thanks Archie ! et longue vie, pour partager encore d’autres aventures. Je suis jazz c’est ma vie !

Frank Cassenti
Séance présentée par Frank Cassenti,
à l’occasion du 70e anniversaire d’Archie Shepp,
en sa présence (sous réserve)