Luis García Berlanga

Avec ses plans-séquences endiablés peuplés de personnages en mouvement sauvage et verbeux, le cinéaste Luis García Berlanga (Valencia 1921 – Pozuelo de Alarcón 2010) crée une esthétique propre qui capte l’âme blessée et carnavalesque d’un pays où les frictions entre le populaire et les discours du pouvoir semblent exiger la naissance de nouvelles formes sans renoncer à son substrat Goyesque. L’association fructueuse entre Berlanga et le scénariste Rafael Azcona a permis à ce reflet cru de la réalité sous la forme d’une comédie corrosive de perdurer jusqu’à la période de l’arrivée de la démocratie en Espagne. Mais ils n’ont pas été les seuls à disséquer la réalité à travers le prisme de l’humour noir : ce cycle retrace également le champ d’action d’une constellation plus large de cinéastes désireux d’utiliser la comédie comme une arme tranchante.

Plein tarif : 8 €
Tarif réduit : 5 €

Luis García Berlanga (Valence, 1921-Pozuelo de Alarcón, Madrid, 2010) est une figure majeure du cinéma et de la culture espagnoles du xx^e siècle.

Issu d’une famille bourgeoise, il accepte de combattre aux côtés de l’armée franquiste durant la Seconde Guerre mondiale pour faire annuler la condamnation à mort de son père aux opinions républicaines. Il étudie ensuite les lettres et la philosophie avant d’entrer, en 1947, à l’Instituto de Investigaciones y Experiencias Cinematográficas. Il en sort diplômé en 1949.

Réalisateur d’une vingtaine de films, entouré de collaborateurs fidèles tels que Rafael Azcona – connu pour sa longue collaboration avec Marco Ferreri – et Juan Antonio Bardem, oncle de Javier Bardem, Luis García Berlanga réussit à déjouer la censure franquiste en développant un cinéma grotesque et noir, à l’humour sarcastique.

Lauréat du Prix international du film de la bonne humeur au Festival de Cannes pour ¡Bienvenido Mister Marshall! (1953), du Prix national du cinéma (1980), de la Médaille d’or du mérite des beaux-arts (1981), du prix Prince des Asturies (1986) et du prix Goya du meilleur réalisateur pour Todos a la cárcel (1993), Berlanga a été récompensé dans les principaux festivals internationaux. Il était un ami proche de René Clair, avec qui il correspondait, et de Federico Fellini, qu’il avait rencontré par l’intermédiaire du scénariste Ennio Flaiano.

Luis García Berlanga a par ailleurs cocréé, avec l’éditrice Beatriz Moura de Gurgel, la collection « La sonrisa vertical » (Le sourire vertical) en 1977 et son prix éponyme pour la littérature érotique.

La renommée de Berlanga et son appartenance à la culture populaire espagnole sont telles que son nom a donné lieu à un adjectif, entré dans le dictionnaire de l’Académie royale espagnole et passé dans le langage courant. On dit ainsi d’une situation grotesque et chaotique qu’elle est Berlanguiana.