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Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures Apichatpong Weerasethakul, 2010 © Apichatpong Weerasethakul

Cours & Conférences

La Vie des fantômes

Cours de cinéma

Du 11 février au 31 mars 2016

Jeu de Paume - Paris

Si le cinéma fut, dès son origine, considéré comme l’enregistrement du vivant, on lui confère également la vertu quasi spirite de redonner vie aux défunts. Il a l’incontestable pouvoir de restituer une expérience passée ou présente. Tout spectacle cinématographique donne en effet le sentiment au spectateur d’être contemporain de ce qu’il voit représenté, projeté. Le cinéma entretient donc avec le réel une vocation d’en faire revenir les apparences fantomales et de donner l’illusion de La Vie des morts selon le titre du film d’Arnaud Desplechin.

Mais aujourd’hui de Naomi Kawase à Gus Van Sant, de Miguel Gomes à Philippe Garrel, de Kyoshi Kurosawa à Apichatpong Weerasethakul, le fantôme proprement dit est totalement un personnage de fiction ordinaire, comme l’ont montré les films de ces cinéastes sélectionnés au dernier Festival de Cannes.
Cependant le fantôme est-il seulement affaire d’imagination, n’est-il pas également le curseur idéal pour vérifier les facéties du réalisme et de la vraisemblance en cinématographie ? Le numérique a démultiplié à l’infini l’audace des apparitions fantomales de toute sorte.

PROGRAMME

La tradition de toutes les générations mortes pèse d’un poids très lourd sur le cerveau des vivants
Florent Lahache / Jeudi 11 février à 11 heures

La situation contemporaine voit l’irruption sur la scène politique d’un certain nombre de « revenants » : retour du religieux, retour du fascisme, retour de la morale humaniste. Ces apparitions ont l’étrangeté du spectre. Elles font cependant système avec un certain nombre de refoulements localisables : celui de l’histoire coloniale, de la pensée révolutionnaire, du nouage entre fascisme et capitalisme. Nous poserons dans cette séance une question simple : qu’est-ce qu’un souvenir politique ? Fassbinder (L’Allemagne en Automne), Pasolini (La Rabbia), Marker (Le Tombeau d’Alexandre) et Syberberg (Hitler, un film d’Allemagne) nous serviront ici de guides.

Florent Lahache est docteur en esthétique et traducteur. Il enseigne la philosophie à l’École des beaux arts du Mans et l’histoire de l’art aux Ateliers du Carrousel – Musée des Arts décoratifs de Paris.

Physique de la lumière, chimie de la pellicule : la matérialité des fantômes
Jacques Aumont / Jeudi 18 février à 11 heures

Avant même de représenter ou d’imaginer des fantômes, le cinéma peut en produire par lui-même, du simple fait de la nature de son image, photographique et mouvante. On s’intéressera tout spécialement aux « voiles » de diverses espèces qui peuvent affecter cette image, et en quelque sorte la hanter.

Jacques Aumont est directeur d’études à l’EHESS et professeur (séminaire de 5e année) à l’ENSBA. Ses derniers livres : L’Attrait de la lumière (2010), Le Montreur d’ombre (2012), Que reste-t-il du cinéma ? (2012), Limites de la fiction (2014), Montage, « la seule invention du cinéma » (2015).

De la vie des morts de la Reine
Céline Scemama / Jeudi 25 février à 11 heures

Cette séance est consacrée aux revenants de Rois et Reine (2004) d’Arnaud Desplechin. Ni fantastiques, ni surnaturels, ces fantômes sont la résurgence du passé qui n’est pas « ce qui a disparu » mais « ce qui nous appartient » dit Ismaël dans le film.

Céline Scemama est maître de conférences en études cinématographiques à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle a entre autres publié : Antonioni : le désert figuré (Paris, L’Harmattan, 1998), Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard : La force faible d’un art (Paris, L’Harmattan, 2006) et Robert Bresson and The Voices of An Inner World (in Subjectivity, University Press of Amsterdam, 2011).

Listen to all the noises in the air / Conversations téléphoniques, l’art du brouillage
Clara Schulman / Jeudi 3 mars à 11 heures

Clara Schulmann enseigne l’histoire et la théorie de l’art à l’école d’enseignement supérieur d’art de Bordeaux. Elle écrit sur l’art contemporain et a récemment publié : Les Chercheurs d’or. Films d’artistes, histoires de l’art, Presses du réel, 2014.

Fantômes sur pellicule : études dramaturgiques d’une traque
Thomas Brunot / Jeudi 10 mars à 11 heures

Sur ou sous-équipés, qu’ils soient Luchino Visconti, Sergio Leone, Alfred Hitchcock, Woody Allen ou Jacques Audiard, ils entraînent avec eux leurs personnages à la chasse aux fantômes. Comment la recherche de ces revenants, et leur mise en place dans une dramaturgie vont charpenter les récits des cinéastes pour donner un sens à leur expression la plus personnelle ?

Thomas Brunot est scénariste. Il a été assistant réalisateur et assistant culturel auprès de l’ambassade des États-Unis.

Cahier des styles fantomatiques
Valérie Mrejen / Jeudi 17 mars à 11 heures

Comment les fantômes apparaissent-ils dans les films ? Pourquoi sont-ils différents des humains ? À quoi les reconnaît-on ? Comment s’expriment-ils ? Leur visage a-t-il quelque chose de différent ? Une exploration de ces différents signes extérieurs, à partir d’une série de films peuplés de revenants.

Artiste, réalisatrice, (elle a coréalisé avec Bertrand Schefer, En Ville, un long métrage sélectionné au festival de Cannes en 2011), Valérie Mréjen est aussi écrivain. Son dernier livre de, Forêt noire, est paru aux éditions POL en 2012.

Vers l’autre rive
Raymond Bellour / Jeudi 24 mars à 11 heures

Le cinéma, art de l’image comme fantôme de la réalité, ne cesse aussi de faire revenir périodiquement de vrais fantômes comme pour s’assurer du pouvoir illusoire de sa propre réalité. C’est ce dont vient à nouveau de témoigner avec une innocence retrouvée le dernier film de Kiyoshi Kurosawa, Vers l’autre rive (2015).

Raymond Bellour, critique et écrivain, directeur de recherches au C.N.R.S. Parmi ses nombreux livres, Le Corps du cinéma. Hypnoses, émotions, animalités (POL, 2009).Il est membre du comité de Trafic, « revue de cinéma ».

Les fantômes à ma porte. Maisons hantées dans le cinéma d’Asie du Sud-Est
Jennifer Verraes / Jeudi 31 mars à 11 heures

Jennifer Verraes est maître de conférences en études cinématographiques à l’Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis. Ses travaux de recherche visent à mettre au jour les articulations entre histoire des techniques, des arts et des sciences humaines aux XXe et XXIe siècles et portent notamment sur l’histoire de l’enregistrement de la parole.

À l’auditorium du Jeu de Paume, le jeudi de 11H à 13H.
Cours de cinéma organisés par le Jeu de Paume et l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, sous la direction de Danièle Hibon, programmatrice de cinéma et enseignante à l’ENSBA.

Renseignements : infoauditorium@jeudepaume.org

Tarifs : 5 euros