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Permutations 1976, 10' Theresa Hak Kyung Cha

Événement

"Le rêve de l’artiste et du spectateur" / Volet 2

Trinh T. Minh-ha et Theresa Hak Kyung Cha

Du 23 octobre au 09 novembre 2008

Jeu de Paume - Paris

« Le rêve de l’artiste et du spectateur » est un programme de conférences et de films réalisé à partir des recherches de l’historienne de l’art contemporain Elvan Zabunyan. Une lecture croisée des œuvres de Theresa Hak Kyung Cha et Trinh T. Minh-ha souligne, autour d’une réflexion sur les relations entre différentes disciplines (cinéma, architecture, musique, littérature, histoire), l’importance d’une pensée de l’interstice.

Le travail artistique de Theresa Hak Kyung Cha articule l’écrit et l’image pour se livrer à une exploration structurelle du langage à travers différents médiums : vidéos, films, performances et poésie. L’artiste appartient à la génération qui a participé au développement de l’art conceptuel et de la performance sur la Côte Ouest américaine. Elle mobilise, dans ses films, une théorie critique du cinéma, découverte, entre autres, au cours d’une résidence qu’elle effectue en 1976 à Paris, au Centre d’études américain du cinéma, où elle suit les cours de Christian Metz, Thierry Kuntzel et Raymond Bellour. Malgré une carrière écourtée par sa mort précoce, son œuvre polyvalente, d’une grande richesse formelle et conceptuelle, reste un vaste territoire à explorer.

C’est en 1980 que Trinh T. Minh-ha découvre le travail de Theresa Hak Kyung Cha. Cette rencontre joue un rôle décisif dans sa production poétique et filmique, où la place de la femme, les notions de mémoire, de déplacements culturel et géographique sont essentielles. En 1982, son film Reassemblage, réalisé au Sénégal, marque l’historie du cinéma en s’inscrivant dans une rupture formelle et idéologique avec le documentaire ethnographique traditionnel. Le travail de Trinh T. Minh-ha s’apparente dès lors à un cinéma d’avant-garde qui interroge la représentation de la figure féminine non-occidentale et renverse les habituels stéréotypes du film anthropologique. Son cinéma gagne également à être lu à la lumière de ses nombreux écrits théoriques qui articulent très tôt les notions de féminisme et de postcolonialisme (Woman Native Other, Writing, Postcoloniality and Feminism paraît en 1989) et qui sont aujourd’hui des références théoriques incontournables dans ces domaines. Parlant de ses films réalisés au Sénégal, au Viêtnam, en Chine et au Japon, l’artiste souligne : « Mon travail, poétique et politique, questionne l’idée de frontières. Il est une expérience des limites. Il est réalisé à la lisière de plusieurs formes de cultures, de genres, de disciplines et de créations (visuelle, musicale, verbale…), chacune constituant sa propre étude de ces frontières. »

La programmation des films de Trinh T. Minh-ha et de Theresa Hak Kyung Cha au Jeu de Paume permet de présenter ensemble, pour la première fois en France, ces productions singulières, poétiques et inclassables et de profiter, à cette occasion, de la présence exceptionnelle de Trinh T. Minh-ha à Paris.

Le titre «  Le rêve de l’artiste et du spectateur  » s’inspire de la déclaration faite en 1975 par Theresa Hak Kyung Cha qui affirme à l’issue d’une de ses performances : « I want to be the dream of the audience » (Je veux être le rêve du spectateur).

Une programmation conçue par Elvan Zabunyan, historienne de l’art, maître de conférences à l’Université de Rennes 2. Elle travaille depuis plus de quinze ans sur les théories féministes et postcoloniales et est l’auteur notamment de Black Is A Color, une histoire de l’art africain-américain contemporain (Paris, Dis Voir, 2004 et 2005 pour la traduction anglaise).