Exposition
Magali Daniaux & Cédric Pigot « Devenir Graine »
Création en ligne sur Internet
Du 08 avril au 22 septembre 2014
Jeu de Paume – en ligne
Intitulée « Devenir Graine », la plateforme interactive des artistes Magali Daniaux & Cédric Pigot, présentée du 8 avril au 15 septembre 2014 sur l’espace virtuel du Jeu de Paume, propose une lecture atypique des enjeux énergétiques et de la gestion de produits alimentaires (food management).
L’une des rubriques de ce projet en ligne est consacrée au Global Seed Vault, bunker souterrain
où sont sauvegardées les semences de toutes les plantes utiles à l’alimentation humaine, situé
sur l’archipel du Svalbard, au delà du cercle Arctique. Une autre section permet de se
connecter en streaming avec Kirkenes, petite ville du Nord de la Norvège, point stratégique sur
la mer de Barents, notamment pour la prospection de gisements de gaz et de pétrole.
Magali Daniaux et Cédric Pigot proposent de considérer la flore de par son immobilité active, sa
plasticité et son adaptabilité, comme un modèle pertinent pour envisager de nouveaux schémas
économiques et sociaux. Dans un monde globalisé où il n’est plus possible de fuir, les tactiques
végétales apparaissent aux deux artistes comme des modèles ultracontemporains dont ils se
sont inspirés pour construire la plateforme « Devenir Graine ».
Présentant des contenus et des médias très divers, cette œuvre prend comme point de départ Kirkenes, petite ville du Nord de la Norvège, point stratégique sur la mer de Barents, et les îles de l’archipel du Svalbard, situées à l’intérieur du cercle Arctique, afin d’illustrer de façon métaphorique les relations entre l’homme et la nature.
En associant poésie, fiction, documentaire, interviews et performance, « Devenir Graine » se présente
comme une ballade surréaliste dans l’Arctique contemporain tout en abordant des enjeux géopolitiques
et géostratégiques de pleine actualité : le réchauffement climatique, le développement urbanistique,
la collaboration transfrontalière entre la Norvège et la Russie, l’ouverture de l’espace Schengen,
la gestion des ressources fossiles et nucléaires, ainsi que le développement des OGM (organismes
génétiquement modifiés) et la marchandisation du vivant. Ce projet propose d’imaginer l’Arctique
comme un « back-up » géant, un espace de sauvegarde massive d’une humanité biocentrée évoluant
dans des environnements climatisés et désignés sur commande. « Le monde frigo », une promesse de mort et d’éternité.
« La terre peuplée la plus proche du pôle Nord est l’archipel du Svalbard, situé à l’intérieur du cercle
Arctique, à plus de mille kilomètres au Nord de la péninsule scandinave. Pendant longtemps, le lieu a
servi de camp de base aux baleiniers. Aujourd’hui, il est habité par trois mille ours polaires et deux mille
six cents être humains, majoritairement norvégiens et russes, qui vivent, concentrés sur l’île Spitzberg, de l’activité minière, du tourisme, et de la recherche scientifique. Le centre universitaire du Svalbard, qui accueille une communauté d’environ cinq cents étudiants et enseignants de vingt-cinq nationalités se situe à Longyearbyen, anciennement Longyear City, agglomération qui tire son nom de John Munroe Longyear, le créateur de la compagnie arctique du charbon. Cest aussi à Longyearbyen que se trouve le Global Seed Vault, un “ coffre-fort grainetier ” creusé dans une montagne de grès, inauguré en 2008. »*
Une rubrique de ce projet Internet sera consacrée à cette banque universelle de graines à travers des
entretiens filmés, des photographies et des plans du lieu, des enregistrements sonores, des films et des récits.
Parmi les nombreux spécialistes interviewés : Cary Fowler, ancien directeur exécutif du Global Crop
Diversity Trust qui est à l’origine de la banque de graine ; Roland Von Bothmer, professeur de génétique à la Swedish University of Agricultural Science ; Eirik Newth, astrophysicien ; Kirill Korbrin, journaliste de Radio Europe/Radio Liberty, Prague ; William Engdahl auteur du livre Seeds of Destruction: The Hidden Agenda of Genetic Manipulation ou Natalja Kalinina, chercheuse du Knipovich Polar Research Institute of Marine Fisheries and Oceanography (Pinro), Russie.
Des modélisations 3D des plans de la banque de graine conçues par les artistes permettront de
parcourir les couloirs de cet espace de manière interactive. À travers des nouvelles, où la science-fiction cohabite avec des récits issus des recherches scientifiques à l’Arctique, les artistes nous proposent d’imaginer l’ambiance de ce glacial bunker souterrain. D’autres propositions artistiques en ligne viendront enrichir régulièrement cette œuvre multiforme.
Le botaniste Francis Hallé, dans un entretien avec le philosophe Raphaël Bessis, explique que : « la plante, étant fixe, doit subir là où elle est les vicissitudes de son environnement, elle ne peut pas se sauver et, si elle n’est pas capable de plasticité, elle meurt. On peut comprendre alors que des systèmes extraordinairement plastiques, voire labiles ou fluides, se mettent en place, et cela est vrai aussi bien pour la forme externe que pour les comportements ou le génome. La plante doit être capable, dans une certaine mesure, de se changer elle-même, faute de quoi, elle disparaît, car elle n’est plus adaptée à un nouvel environnement. Si les conditions lui déplaisent, l’animal a comme solution de se déplacer jusqu’à ce qu’il retrouve des conditions satisfaisantes. Selon cette perspective, il n’a pas besoin de se changer beaucoup lui-même. La plasticité animale dans sa forme extérieure est faible, et il en va de même concernant son génome, il n’a aucune raison de se changer lui-même intérieurement, un seul génome lui convient. »
* Extrait du texte de Jean-Noël Lafargue, publié à l’occasion de l’exposition de Magali Daniaux & Cédric Pigot au Pavillon Vendôme, Clichy.
espace virtuel 8 avril 2014 – 22 septembre 2014
Commissaire
Marta Ponsa Salvador
Partenaire
Projet réalisé avec le soutien de
l’Ambassade Royale de Norvège
Équipe technique du projet
Tristan Nicoleau, développement, Paris
Younes Harbour, 3D, Agadir
Gérard Vidal, traduction et voix, Paris
Philippe Boisnard, 3D, vidéo, interaction son et image, Angoulême
Bruno Simon, 3D et intégration web
Gilles Mardirossian, production sonore, Paris
Caroline Hancock, voix, Paris
André Fèvre, sound design, Paris