Visite des apprenantes de l’E.M.A. dans l'exposition Tina Modotti 
© Jeu de Paume / Audrey Grollier

Partages d'expérience

Jeu de Paume x École Monique Apple

En lien avec les expositions 2023-2024

Depuis septembre 2021, l’École Monique Apple et le Jeu de Paume poursuivent un partenariat dans le cadre du module « Intégration par l’art ». Ce dispositif vise à faciliter l’apprentissage du français et l’insertion socio-professionnelle de femmes primo-arrivantes avec une faible maîtrise de la langue. Il se déroule sur trois séances : une rencontre introductive à l’école, qui précède la découverte de l’exposition au Jeu de Paume, et un atelier d’écriture. 

Cette année, trois groupes ont participé à ce module : 

En lien avec l’exposition « Julia Margaret Cameron. Capturer la beauté », les apprenantes du premier groupe ont découvert des procédés photographiques du XIXe siècle et ont mené une réflexion autour de la notion du portrait.  

 Les deux autres groupes ont travaillé sur les expositions « Tina Modotti. L’œil de la révolution » et « Bertille Bak. Abus de souffle ». À partir de l’observation des œuvres des deux artistes, les apprenantes ont étudié différentes approches de représentation des gestes du quotidien et du travail : le documentaire et la fiction.  

Ce partenariat a également abouti à la conception d’un document intitulé « support d’expression », en lien avec chaque exposition. Associant images et mots, ce support a favorisé la prise de parole et l’échange lors des rencontres introductives, des visites des expositions ainsi que des ateliers d’écriture.  

Voici les textes produits lors de ces ateliers, en lien avec une image des expositions :  

 « Une jolie photo, une jolie petite fille. Son visage donne l’impression d’être stressé. Les ailes sont très jolies sur la photo. La tête est posée sur les bras. Les couleurs en noir et blanc sont jolies. La petite fille est belle et mignonne, elle pense. Elle a les cheveux décoiffés. Elle est innocente, elle se sent seule. Elle attend quelqu’un. Ils ne sont pas venus. Je suis triste, j’aimerais que les personnes qu’elle attend viennent. C’est très difficile d’attendre. Elle est bouleversée. Elle regarde la caméra. Elle n’est pas concentrée, elle voudrait jouer. Elle a des ailes comme pour un carnaval. Peut-être qu’elle n’aime pas faire de photo ? Elle pose son visage sur ses bras et ses bras sur la table basse. Elle est fatiguée et stressée. La photo est jolie, elle m’intéresse. Elle a la couleur des vieilles photos. » 

En lien avec I Wait [J’attends], 1872 de Julia Margaret Cameron.

I Wait [J'attends],
I Wait [J'attends], 1872, Tirage albuminé.
© Collection de la Royal Photographic Society au V&A, acquise avec l'aide généreuse du National Lottery Heritage Fund et de l'Art Fund. Museum no. RPS.1297-2017

 

« Elle regarde son petit-ami. C’est une très belle femme. Elle pose bien pour la photographe. Les cheveux détachés, la liberté. C’est un travail très difficile et très long. La couleur n’est pas unie, il y a des tâches. La photographie au XIXe siècle est comme la peinture car c’est un long travail. Les poses de Julia Margaret Cameron sont en mouvement. Chaque photo a un nom. Elle rappelle la mythologie. Elle pense beaucoup. Les cheveux sont pleins de lumière. Julia Margaret Cameron met toujours la lumière sur les cheveux, c’est important. La photo “les anges sur la tombe” est marquante. Elle a ses mains sur le cœur, différentes émotions. Ce n’est pas noir et blanc, mais un peu brun. Les produits chimiques utilisés étaient nocifs pour la santé. La photo rappelle un film d’amour car la femme a un regard tendre. Julia Margaret Cameron s’est peut-être inspirée de tableaux comme des réalisateurs de films ont pu s’inspirer de ses photographies pour leur film. Beaucoup de photos, de travail. Les sujets féminins sont des petites filles et jeunes femmes alors que les hommes sont vieux, moins beaux. Les petites filles sont tristes. L’homme de L’astronome a l’air fou, c’est différent. Il regarde le ciel, il cherche les étoiles et ne peut pas les trouver. La photo provoque le rire. » 

En lien avec The Echo [L’écho], 1868 de Julia Margaret Cameron.

The Echo [L'Écho],
The Echo [L'Écho], 1868, Tirage albuminé, Maison de Victor Hugo – Hauteville House.
© Paris Musées / Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey.

« C’est une photo en sépia. Il y a du maïs, une faucille et des balles. C’est un symbole de révolution. Les balles, ça fait penser à la mort. Le maïs et la faucille ça fait penser aux paysans. C’est aussi le symbole de la résistance et la composition de cette image est géométrique. Le fond de l’image est comme la peau, très tactile. C’est le symbole de la révolution parce qu’il n’y a pas de frontières, il y a une continuité. C’est l’affection de la révolution. Cette image n’est pas humaine, c’est comme une spéculation et ça représente la faim. C’est très simplifié.  

C’est triste à cause des couleurs. Il n’y a pas de soleil et le maïs est resté dans la cave ou le grenier. » 

En lien avec Faucille, cartouchière et épi de maïs, 1927 de Tina Modotti.

Hoz, canana y mazorca,
Hoz, canana y mazorca, 1927, Collection et archives de la Fundación Televisa, Mexico

« C’est une photo qui a été faite par Tina Modotti. Elle a fait cette photo au Mexique. Il y a beaucoup d’hommes qui portent les chapeaux nationaux. Ils attendent. Il y a deux couleurs différentes : le noir et le blanc. Elle a observé le peuple au Mexique et les a pris en photo. Sa photo est intéressante parce qu’ils portent les mêmes habits. Ils vont au travail. Elle a photographié de loin et de derrière. Le groupe est rassemblé autour de la même idée : le communisme. » 

En lien avec Worker’s Parade, 1926 de Tina Modotti.

« Dans cette photo, il y a un maïs, une faucille, des cartouches. C’est un symbole du communisme. Ça nous montre des idées militaires, de travail et de nourriture. Tina Modotti a pris cette photo pour expliquer au monde la culture et la vie quotidienne du peuple. Elle voudrait apprendre à connaitre les gens du Mexique. C’est une photo prise en couleur jaune. C’est une photo qui nous inspire toutes car on a toutes utilisé une faucille à une époque dans notre pays. Fatima, avec la photo, se souvient de son pays avec les objets traditionnels. Laura est un peu triste car cela lui rappelle la Russie qui envahit la Lituanie en 1940. Yuliia ressent une émotion triste aussi. » 

En lien avec Faucille, cartouchière et épi de maïs, 1927 de Tina Modotti.

Les apprenantes

Toktam Rahgozar, Fatima Kaneez, Sumera Javed, Tatiana Pelikhova, HalynaKuziuk, Kateryna Malaia, Anna Romanova, Yeshi Dolma, Shuhan Chang, Nazire Ekici, Liana Betlemishvili, Natalia Elkina, Olha Ivasiv, Ekaterina Khazina, YasanthiWijesuriya, Sorraya Jongoli, Najma Abdi Jama, Fatuma Ambo, Rehab El Shaarawy, Laura Karklina, Oshadhi Nurasha Navodi Narangodage Don, Anna Voitenko, Rackeb Beza, Basira Amiri et Yuliia Tsaruk. 

Les intervenantes de l'École Monique Apple

Elisabeth Bettencourt, directrice et fondatrice de l’école Monique Apple
Larisa Rotaru, formatrice et coordinatrice FLE
Maud Bontet, chargée de projets 

Les intervenantes du Jeu de Paume

Claire Boucharlat, conférencière et formatrice
Audrey Grollier, chargée des groupes et des publics adultes, référente pour le champ social et médico-social