Portrait filmé
Raoul Hausmann
L’œuvre photographique de Raoul Hausmann est restée longtemps méconnue et sous-estimée. De cet artiste-clé du XXe siècle, la postérité a d’abord retenu le rôle majeur au sein de Dada Berlin, les assemblages, les collages, les photomontages, les poèmes optophonétiques, quand les vicissitudes de l’Histoire ont effacé cette autre facette, à tous égards prééminente, de son rayonnement.
À partir de 1927, Hausmann devient pourtant un photographe prolifique. Cette pratique nouvelle pour lui, immédiatement absorbante, devient la clé de voûte d’une pensée globale foisonnante qui culmine jusqu’à son départ forcé d’Ibiza en 1936. Au cours de cette intense décennie, il aura beaucoup réfléchi à la photographie et développé une pratique profondément singulière du médium, à la fois documentaire et lyrique, indissociable d’une manière de vivre et de penser. Ses amis avaient
pour nom August Sander, Raoul Ubac, Elfriede Stegemeyer, et Lázló Moholy-Nagy, lequel ne craignait pas de déclarer à Vera Broïdo, l’une des compagnes de Hausmann : « Tout ce que je sais, je l’ai appris de Raoul. »
Hausmann trouvera finalement refuge en France, dans le Limousin où il meurt en 1971, cinq ans après sa première rétrospective au Moderna Museet de Stockholm.
As a photographer, Hausmann has long remained underrated and unheralded. However his key
position in 20th century avant-garde photography has continually been re-evaluated and his importance is widely acknowledged these days.
We know Hausmann as the prominent artist of Dada Berlin, as the author of assemblages, collages,
lautgedichte, etc, yet the vicissitudes of history caused the obliteration of his photography, an essential facet of his œuvre. From 1927 onwards Hausmann became an avid and restless photographer. His photographic practice quickly became a cornerstone of his multi-faceted
reflections and activities, pushing him in a new direction which culminated in his forced departure from Ibiza in 1936.