Séance 2 : Déplacement
Les conversations du Jeu de Paume
Mardi 19 octobre 2021 • 19:00
de 19h à 21h
Fidèle à sa mission d’observatoire des pratiques et des questions de l’image (photographie, film, vidéo, images nouvelles), le Jeu de Paume met en place une plate-forme de débat. Dans une perspective résolument ouverte, transversale et pluridisciplinaire, prenant en compte l’image dans ses enjeux artistiques, culturels et anthropologiques, ces conversations mettront en présence artistes, critiques, historien.ne.s, théoricien.ne.s, collectionneurs.euses etc.. venus d’horizons différents, autour d’une thématique renouvelée à chaque séance.
Séance 2 : Déplacement
Cette deuxième soirée des Conversations du Jeu de Paume aura pour objet la notion de déplacement. Sur le modèle des profondes mutations qu’a connu l’anthropologie au tournant des années 2000, notamment autour du « déplacement de perspective » développé par Edouardo Viveiros de Castro, nous verrons comment cette notion résonne dans des pratiques artistiques et des recherches en études visuelles. Cela nous amènera à « faire un pas de côté par rapport à la tradition de l’histoire de l’art » (Philippe Descola) avec Jérémie Koering qui abordera une autre manière d’appréhender et de regarder les images à travers les formes rituelles de leur ingestion. À partir de ses films, Laura Huertas Millán nous parlera de « fictions ethnographiques » et de ses affinités avec l’anthropologie visuelle. Travaillant sur la notion de pharmakon (une entité à la fois poison et guérisseur), elle présentera ainsi Jíibie, un film sur le rituel de fabrication de la poudre de coca verte, en nous dévoilant « sa subjectivité non-humaine » et « ses usages cosmologiques non-occidentaux ». Teresa Castro nous présentera le « tournant végétal » pris dans ses recherches concernant le médium cinématographique et sa « faculté animiste », à savoir sa capacité à « animer les choses du monde, à fabriquer des « vies » et à percevoir des « personnes » ailleurs que chez les humains ». Enfin, Liv Schulman nous parlera de la manière dont les lignes de frontières, visibles et invisibles, fixes et changeantes, s’incarnent dans les corps qu’elle filme. Elle présentera ainsi son projet « Europa », une récente installation qui met en scène la figure du douanier dans une Europe fictive réduite à sept pays dont la fiscalité est attrayante.
Les intervenants
Jérémie Koering est professeur d’histoire de l’art moderne à l’université de Fribourg (CH). Ses travaux portent à la fois sur l’art de la Renaissance dans ses dimensions politique et poïétique et sur l’épistémologie de l’histoire de l’art. Il vient de publier Les Iconophages. Une histoire de l’ingestion des images (Actes Sud). Il dirige la collection « Les Apparences » aux éditions Actes Sud.
Teresa Castro est maîtresse de conférences en études cinématographiques et audiovisuelles à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3. Une partie de ses recherches récentes porte sur les liens entre cinéma et animisme, l’éco-criticisme et les formes de vie végétales. Elle a récemment publié «The Mediated Plant» (E-flux) et co-édité le livre collectif Puissances du végétal et cinéma animiste. La vitalité révélée par la technique (Presses du réel). Elle a aussi co-édité Laura Mulvey, Au-delà du plaisir visuel : féminisme, énigmes, cinéphilie (Mimésis).
Laura Huertas Millán est une artiste franco-colombienne dont les films circulent dans le milieu de l’art et le cinéma. Sélectionnées dans les festivals de cinéma tels que la Berlinale, Toronto International Film Festival, Rotterdam International Film Festival, New York Film Festival, et Cinéma du Réel, ses œuvres ont été primées dans plusieurs festivals comme le Locarno Film Festival, FIDMarseille, Doclisboa. Ses dernières expositions personnelles ont eu lieu au MASP Sao Paulo, à la Maison des Arts de Malakoff et au Musée d’Art Moderne de Medellin. Elle a également exposé et projeté ses films dans des institutions artistiques (Centre Pompidou, Jeu de Paume, Guggenheim Museum NY, Times Art Berlin) et dans le cadre de biennales (Liverpool, FRONT Triennial, Videobrasil, Videonnale).
Liv Schulman grandit à Buenos Aires où elle assiste à l’école publique et regarde la télévision. L’arrivée du câble en 1990 et le crash financier de 2001 sont parmi les moments les plus marquants de sa vie. Après des études à L’ENSAPC elle retourne vivre en France en 2015. Le travail de Liv Schulman prend la forme de fictions filmées, de séries TV, de lectures-performances et d’écriture romanesque : ses principales ressources proviennent d’une utilisation exhaustive du langage. Elle a montré son travail, entre autres, à la Villa Vassilieff à Paris, au CAC La Galerie à Noisy le Sec, au Centre Pompidou à Paris, au Crac Alsace, au festival Steirischer Herbst en Autriche, à la fondation Ricard à Paris, au SMK à Copenhague, au Museo de Arte Moderno de Buenos Aires, au musée Reina Sofia à Madrid, et au Bemis Center for Contemporary Arts au Nebraska. Elle a bénéficié de la bourse ADAGP, du mécénat de la Fondation des Artistes, du programme de résidences DAAD en Allemagne et a reçu le prix Ricard en 2018
Infos pratiques
Sur invitation seulement
Lieu : dans l’auditorium du Jeu de Paume
Vous n’avez pas reçu d’invitation mais souhaitez assister à l’évènement ? Contactez service-culturel@jeudepaume.org