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Rose Valland, une résistante au Jeu de Paume

Rose Valland au musée du Jeu de Paume,
Rose Valland au musée du Jeu de Paume, 1934, © DR

Rose Valland (1898-1980) est née à Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs. Elle est la fille unique de François Paul Valland, maréchal-ferrant, et de Rose Maria Viardin. Rose Valland se distingue très jeune pour son goût prononcé des études. Une bourse lui est octroyée par le département de l’Isère pour préparer le certificat d’études supérieures. Ambitieuse, elle se forme par la suite à l’enseignement du dessin et à l’histoire de l’art, à Lyon, puis à Paris (École des Beaux-Arts, École du Louvre et Institut d’art et d’archéologie).

En 1931, Rose Valland rédige un essai sur l’Évolution du mouvement dans l’art jusqu’à la Renaissance italienne, qu’elle présente au jury de l’École du Louvre. Une mention passable lui barre définitivement l’entrée par la grande porte du monde des beaux-arts. À partir de 1932, Rose Valland obtient un poste d’attachée de conservation bénévole au musée des Écoles étrangères contemporaines du Jeu de Paume : elle y seconde le conservateur dans les diverses tâches administratives requises par le fonctionnement du musée et participe à l’organisation de nombreuses expositions.

En 1939, Jacques Jaujard, sous-directeur des Musées nationaux, l’informe de l’absence du conservateur pour cause de maladie et de sa nomination au poste d’attachée de conservation à la direction des Musées nationaux. Sous l’Occupation, réquisitionné par les nazis, le Jeu de Paume devient le lieu de transit et d’entrepôt des œuvres d’art spoliées par l’Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg. Rose Valland ne s’éloigne jamais de son poste en dépit des lourdes suspicions qu’elle sent peser sur elle. Elle réussit à établir, dans des conditions périlleuses, des listes détaillées d’œuvres, de propriétaires et de dépôts en Allemagne.

Le 4 mai 1945, Rose Valland reçoit l’ordre de se rendre auprès de l’état-major de la première armée du général de Lattre de Tassigny. Elle intègre le corps des officiers au grade de lieutenant, puis rapidement à celui de capitaine. Cette mission lui permet, ainsi qu’à la Commission de récupération artistique (CRA) — mise en place à la Libération et soutenue par les Alliés — de retracer et de récupérer en Allemagne plus de 60 000 objets culturels.

Après une dizaine d’années passées en Allemagne à la recherche des œuvres spoliées des collections privées de France, Rose Valland est nommée conservateur des Musées nationaux en 1952, à 54 ans. Elle publie en 1961 Le Front de l’art, un ouvrage qui contribue à faire connaître son combat au service de l’art et des œuvres. Forte de ce premier succès, elle publie, deux années plus tard, la thèse qu’elle a soutenue en 1942 : Aquilée et les origines byzantines de la Renaissance. À partir de 1968, Rose Valland s’attelle au classement du fonds d’archives de la récupération artistique.
Elle décède à Ris-Orangis le 18 septembre 1980, dans l’anonymat.

La conservatrice et capitaine de l’armée française a donné son nom à une base de données qui répertorie de façon exhaustive les œuvres MNR et dresse, de manière aussi complète que possible, leur historique, dans la limite des informations dont on dispose. Ces dernières ont été confiées à la garde provisoire des Musées nationaux, en attendant l’identification de leur propriétaire et, le cas échéant, leur restitution aux ayants droit des familles spoliées. La base Rose Valland est librement consultable par tous.