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© Jeu de Paume / Bastien Eveno

Visite commentée

Parcours croisé : tendresse transfrontalière

À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes

Vendredi 08 mars 2024 • 17:00

Jeu de Paume - Paris

Pour cette invitation du Jeu de Paume à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Aïna Rahery vous accompagne dans un parcours croisé des expositions Tina Modotti. L’œil de la révolution et Bertille Bak. Abus de souffle, en suivant le fil conducteur qu’elle qualifie d’anti-ethnographie.

L’une voyait dans les paysannes mexicaines les figures de proue de la révolution communiste ; l’autre propose à des ouvrières de Tetouan d’apprendre l’Internationale en hollandais. L’une voulait faire « des photographies honnêtes, sans distorsions ou manipulations » ; l’autre propose avec fantaisie et gravité « une nouvelle narrativité orchestrée ». Si, du fait du siècle qui les sépare, Tina Modotti embrasse l’utopie politique et ses images avec ferveur tandis que Bertille Bak s’inscrit dans une distance critique, leurs démarches n’en sont pas moins profondément apparentées : elles se font toutes deux l’écho des aspirations et luttes de groupes et communautés économiquement et socialement dominés, en plaçant le point de vue des intéressés au cœur même de leur dispositif de création.

Pour cette invitation du Jeu de Paume à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, je vous accompagnerai dans un parcours croisé des expositions en suivant le fil conducteur de ce que je qualifierais d’anti-ethnographie. Il me semble, en effet, que la vitalité de leur travail respectif a beaucoup à voir avec les détournements des codes de cette discipline : Tina Modotti et Bertille Bak construisent des formes qui se jouent des frontières entre « nous » et « les autres », participant ainsi de ce que l’historienne de l’art féministe Griselda Pollock nomme « le différencement du canon des représentations ». Esquisser de nouvelles voies d’émancipation par une réparation du regard et des modalités du visible, voilà peut-être l’enjeu de la redécouverte du matrimoine artistique, et sa puissance de subversion.

infos pratiques

  • Cheminement argumenté à travers une sélection d’œuvres de Tina Modotti et de Bertille Bak
  • Pour les personnes qui le souhaitent : temps d’écriture collective et orale (par groupes de 6 personnes au maximum)
  • Mise en commun

Biographie

Aïna Rahery est historienne de l’art. Elle travaille sur la rencontre entre des espaces hétérogènes et sur les pratiques de conciliation ou de domination qui en résultent. Ancienne élève de l’ENS de la rue d’Ulm, elle a été professeure d’histoire et théorie des arts à l’École Supérieure d’Art du Pays Basque jusqu’en 2015, tout en menant des recherches doctorales sur la scène artistique franco-sénégalaise après l’indépendance. Entre 2015 et 2021, elle ouvre une parenthèse pour étudier l’écologie scientifique et l’ingénierie écologique, et travaille en bureau d’études.

L’essentiel de son travail théorique passe par l’oralité et la construction collective, depuis la co-organisation du séminaire « En Marge – l’histoire de l’art en France face aux cultural studies » avec Emilie Bouvard à l’ENS en 2008, jusqu’à la programmation du cycle « ON BRAQUE LE CANON ! art et littérature remodelés par les désirs féministes » d’octobre à décembre 2023 (https://holdup21.com/festival/ ).

Elle se consacre à l’écriture depuis 2021.