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Usine à divertissement, 2016, Triptyque vidéo HD 16/9, couleur, son stéréo, 20 min
Courtesy de l’artiste, de la Galerie Xippas Paris, Genève et Punta del Este & de The Gallery Apart, Rome.
© Bertille Bak / Adagp, Paris, 2024

Exposition

Bertille Bak

Abus de souffle

Du 13 février au 12 mai 2024

Jeu de Paume - Paris

Le Jeu de Paume consacre une exposition à Bertille Bak, nommée au prix Marcel Duchamp 2023.

Détournant les représentations habituelles de communautés marginalisées ou invisibilisées, l’œuvre de Bertille Bak (née en 1983 à Arras) met en scène des populations, des rituels ou des situations qu’elle subvertit avec la complicité des protagonistes eux-mêmes.

Sans scénario préalable, l’artiste s’immerge dans le mode de vie d’un groupe — l’équipage d’un bateau de croisière à Saint-Nazaire, des cireurs de chaussures à La Paz, de jeunes mineurs indiens, indonésiens ou thaïlandais, des demandeuses d’asile résidant à Pau, des artisans dans la médina de Tétouan. Elle évolue à leur contact, observe leurs rites, leurs gestes et leurs objets, avant d’y instiller de nouvelles règles et des artifices en tout genre. Bertille Bak conçoit dès lors avec ces communautés des rituels collectifs qui produisent une image d’elles-mêmes émancipatrice, libérée des clichés véhiculés tant par des documentaires misérabilistes que par un discours activiste basique. Loin de banaliser leurs conditions de vie précaires, Bertille Bak montre ces réalités le plus souvent faussées par l’imaginaire collectif, et donne aux premiers concernés les moyens de se raconter par des chemins détournés. Ensemble, ils façonnent des récits fictionnels, des histoires qui bousculent l’ordre établi et le sentiment de fatalité, puis elle leur propose de recourir à la performance et au théâtre.

Bertille Bak place la question du travail au centre de ses projets. Elle fait appel à des savoir-faire et à des moyens de production préindustriels comme à autant d’actes militants relevés d’une note de fantaisie et d’humour. L’action prévaut sur l’esthétique. Les images sont trafiquées au moyen d’effets spéciaux bidouillés et low-tech inspirés des jeux d’arcade ou bien avec des techniques du cinéma primitif. Il en ressort un ton léger, en contrepoint de la profondeur des sujets traités. Bertille Bak ne cherche pas à créer une illusion de vraisemblance, mais à dévoiler les coulisses de la construction de toute image et à avertir le public, d’une manière à la fois tendre et loufoque, que l’art n’est qu’un simulacre.