Berlanga a cassé les codes du cinéma espagnol lorsque Bienvenido, Míster Marshall a remporté le prix international « du film de la bonne humeur » au Festival de Cannes en 1953. Cela lui a permis de se lancer dans une carrière internationale qui, à partir de la fin de la décennie, s’est forgée avec la complicité du scénariste Rafael Azcona, exposant un humour cru et grotesque sur les défauts des individus (d’un pays) qui cherchent désespérément à survivre dans un régime qui prétend s’ouvrir à l’Europe mais maintient intacts ses postulats national-catholiques. Une voie difficile à suivre en Espagne qui, dans les dernières années du franquisme, les obligera à partir à l’étranger et à travailler en Argentine (La boutique) ou à Paris (Grandeur nature). Avec la fin de la dictature, Berlanga trouvera dans ses racines valenciennes un moyen de se connecter à un cinéma populaire qui conserve intact un regard acerbe sur la famille, le matriarcat et la relation directe entre le pouvoir et l’argent.