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Une famille italienne à la recherche d’un bagage égaré. Ellis Island, 1905 © Lewis Hine / collection George Eastman House, Rochester Lewis Hine

Cours & Conférences

Photographie sociale / photographie documentaire

Journée d’études conçue par Jean-François Chevrier à l'occasion de l'exposition "Lewis Hine"

Samedi 10 décembre 2011 • 10:30

L’image photographique, dans sa forme documentaire, produit de l’information, elle rend visible, elle réduit l’immense domaine de l’invisibilité sociale. Elle est aussi un support d’interactions dans des situations sociales et culturelles spécifiques. Il semble que ces deux fonctions se recoupent et puissent aussi se contredire. Cette journée d’études examinera quelques œuvres et archives à valeur de « témoins », de jalons, dans cette histoire ambiguë des usages sociaux de la photographie.

Les reportages de Lewis Hine sont aujourd’hui intégrés à un récit canonique, institutionnel, fondé sur une liste de noms. Plutôt que d’accroître cette liste, nous souhaitons interroger, à travers des études de cas et des observations plus générales, le rapport de la photographie, aujourd’hui ralliée à l’art, au domaine dit « social ». Peut-on espérer un renouveau de l’art social ? Comment celui-ci, photographie comprise, a-t-il contribué aux entreprises de propagande menées au nom des idéologies contestataires et progressistes, révolutionnaires ou réformatrices ? Comment associer les critères de justice et de justesse quand il est question d’information, quand l’information est un service, ou quand elle est au service d’un programme d’action sociale, politique. Comment lier information et action ? Peut-on associer justice et justesse, produire des images justes sans jugement ?

En 1978, le critique de cinéma Serge Daney écrivait : « Le “bon spectateur” (mais existe-t-il ?) joue à qui perd gagne. Ce qu’il perd : les idées générales, la doxa, les préjugés, bref l’idéologie. Ce qu’il gagne : l’acuité de la perception : voir, entendre, identifier, reconnaître, déduire. » Cette observation était dictée par une longue expérience des travers de l’art programmé, dramatisé. Mais la situation de 2011 n’est pas celle de la fin des années 1970, même si l’on peut constater entre ces deux dates le développement d’une ère néolibérale qui aboutit aux scandales du cynisme antiégalitaire. L’appel à l’expérience spécifique contre les idées générales est peut-être devenu lui-même un préjugé. Le « qui perd gagne » de Daney résume la condition du réalisme anti-idéologique dans le domaine de l’art, mais les acteurs sociaux peuvent difficilement l’appliquer à leur situation sans accepter le statu quo et la paralysie.
Jean-François Chevrier

PROGRAMME
> 10 h 30 : accueil des participants et introduction par Jean-François Chevrier, historien et critique d’art.
> 10 h 45 : « Lewis W. Hine, un photographe social exposé. Quel héritage ? », intervention de Frédéric Perrier, enseignant et spécialiste de Lewis Hine.
> 11 h 25 : « Thomas Annan : la lumière et l’obscur », intervention de Sara Stevenson, Honorary Senior Research Fellow à l’Université de Glasgow.
> 12 h 05 : « Humaine. Un travail en cours de Marc Pataut avec le Centre Régional de la Photographie (CRP) Nord-Pas-de-Calais à Douchy-les-Mines », intervention de Pia Viewing, directrice du Centre régional de la photographie (CRP) Nord-Pas-de-Calais.
> 12 h 45 : discussion animée par Jean-François Chevrier.

> 13 h 30 : pause déjeuner.

> 14 h 30 : introduction à l’après-midi par Jean-François Chevrier.
> 15 h : « Paul Strand : Working through the Social « , intervention de Stephanie Schwartz, maître de conférence à l’University College de Londres.
> 15 h 40 : « La photographie ouvrière au musée », intervention de Jorge Ribalta, artiste, critique, éditeur et commissaire d’exposition.
> 16 h 20 : “Travailler avec, plutôt que travailler sur”, intervention de Maxence Rifflet, artiste, enseignant et membre du groupe RADO.
> 17 h : discussion animée par Jean-François Chevrier.

> Journée d’études conçue par Jean-François Chevrier
à l’occasion de l’exposition « Lewis Hine »
à la Fondation Henri Cartier-Bresson.
Oganisée par le Jeu de Paume
et la Fondation Henri Cartier-Bresson,
avec le soutien de la Terra Foundation for American Art

> À l’auditorium du Jeu de Paume,
le samedi 10 décembre, de 10 h 30 à 18 h.
3 euros / entrée libre sur présentation du billet du jour
d’entrée aux expositions.
Réservation obligatoire à infoauditorium@jeudepaume.org

> www.henricartierbresson.org